La huitième plaie

" Selon le scénario démographique médian de l' Organisation des Nations Unies ( ONU ), le “pic” démographique sera atteint vers 2050. La Terre comptera alors 9,15 milliards d'habitants ; la population des pays dits riches reculera d'un bon quart et induira probablement un vaste mouvement de migrations en provenance des pays les plus pauvres et en grande majorité musulmans. Pour la première fois de l'histoire, près de 70% des habitants seront concentrés dans des villes dont la plupart naîtront dans les régions les plus démunies ."

Vous avez certainement été interpelé ce lundi 15 novembre 2010 par les infos sur nos télés nationales, Ô combien culturelles. Il s'agissait de nouvelles sommes toutes rassurantes, qui nous dévoilaient toute la richesse de nos amis les insectes, en terme d'alimentation. Les présentateurs nous en ont mis plusieurs louches sur la richesse en protéines et l'espoir de résoudre les problèmes de malnutrition à l'horizon 2050… quand nous serons plus de 9 milliards d'individus sur notre petit caillou perdu au milieu de nulle part.

"Le projet du FAO envisage l'élevage d'insectes comme moyen d'augmenter la sécurité alimentaire. (FAO RDP lao/2010) : [… ] Le taux de malnutrition en République démocratique populaire lao est parmi les plus élevés d'Asie du Sud-Est pour les enfants âgés de moins de cinq ans. Parmi eux, 40 pour cent souffrent de malnutrition chronique de type protéino-énergétique. En plus, on constate des déficits en vitamine A, fer, iode et vitamine B1. L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) en RDP lao met l'accent sur l'amélioration de la nutrition en soutenant le gouvernement dans la mise en place d'une politique nationale assortie d'une stratégie et d'un plan national pour la nutrition. [… ] Les résultats préliminaires d'une étude menée récemment dans le pays indiquent que les Laotiens se nourrissent d'insectes à 95 pour cent et que ceux-ci occupent une place essentielle dans l'alimentation, surtout en période de pénurie alimentaire dans certaines parties du pays."

Passons sur la contradiction (apparente ?) qui consiste à dire que pour le pays le plus consommateur d'insectes, la solution à la malnutrition est la consommation de ceux-ci. Si vous arrivez à suivre le raisonnement je mange mon chapeau. mais c'est surtout le bien curieux pied de nez de notre histoire qui est intéressant. L'évolution de la civilisation humaine a réussi à inverser gibier et prédateur. En effet, n'est-il pas dit dans les grimoires les plus anciens (en parlant des sauterelles) :

"… Elles couvrirent la surface de toute la terre et la terre fut dans l'obscurité ; elles dévorèrent toutes les plantes de la terre et tous les fruits des arbres, tout ce que la grêle avait laissé et il ne resta aucune verdure aux arbres ni aux plantes des champs dans tout le pays d'Égypte…"

Et notons qu'il aura quand même fallu quelques milliers d'années pour s'apercevoir de l'imposture. On change juste le titre, "homme" à la place de la "sauterelle" (féministes ne m'en voulez pas), et le tour est joué.

Après ce petit coup d'élytre je voudrais tout de même m'inscrire en faux contre la vague ambiante de pessimisme qui consisterait à dire que l'humanité va vers le chaos. En fait, il y a de la marge. Pour ma démonstration, je me suis armé d'un outil indiscutable, les mathématiques. Voilà :

•  Données de base : superficie des terres émergées de notre globe : 149 000 000 km2. Je retranche la surface de l'antarctique (14 000 000 km2) et j'obtiens 135 000 000 km2 de terres habitables.

•  Si on part du principe d'accorder à chaque individu une surface de 2 m2, afin de lui permettre de s'allonger pour dormir ou faire une petite sieste on arrive une potentialité d'accueil de notre planète de :

•  135 000 000 000 000 m2 / 2 = 67 500 000 000 000

•  Soit 67.5 billions d'habitants.

Alors, pouet, pouet, les oiseaux de mauvaise augure qui nous prédisent un apocalypse rapproché. Et n'essayez pas de me prendre en défaut car comme l'a dit Ilari :

"Les gens peuvent gagner leur vie en vendant ou en élevant des insectes. Par exemple, en faisant l'élevage de grillons dans des cylindres". (Ilari Sohlo, Larissa Bruun et Jaakko Korpela, qui viennent de Finlande, et leur collègue danoise, Rebecca Host-Madsen, sont tous des volontaires VNU qui soutiennent ce projet innovant du FAO).

Je serais quand même curieux de savoir si ces nouveaux prophètes mangent plus souvent de la sauterelle que du steak de caribou, mais cela mis à part, leur prophéties sont intéressantes. Ainsi, il n'est nul besoin de prévoir d'espace vital supplémentaire pour notre nourriture. Ce matin, je suis reparti à mes occupations avec un entrain retrouvé, devant l'avenir radieux qui nous attend.

Gallipato : 17 novembre 2010

DERNIÈRE MINUTE : Un courrier enflammé d'un de mes lecteurs conteste ma vision de l'avenir. J'ai tout simplement oublié, dans le calcul de l'espace vital, les m2 qui vont bien pour garer la bagnole. Mea Culpa ! J'accorde 10 fois plus, 20 m2 par individu, ce qui permettra, en prime, d'installer la niche du chien. Et voila, le tour est joué. On obtient tout de même un potentiel de "recouvrement" pour notre planète de 6.75 billions d'habitants. Accordons un feu vert aux idéologies dominantes, tous bords confondus, pour continuer la promotion de l'expansion démographique.

PS : J'accepte bien entendu toute nouvelle correction à mes propos, pourvu qu'elle soit dument étayée par des arguments scientifiques.